Graffi-tricot/Yarn bombing

“Graffi-tricot” ou “Tricot urbain”: il s’agit d’une pratique visant à recouvrir ou décorer des éléments du mobilier urbain ou des constructions en utilisant des pièces tricotées ou crochetées assemblées afin de former une œuvre souvent collective. Comme avec le Street Art, auquel cette pratique est apparentée, le but est multiple : habiller les lieux publics, susciter la réaction des passants, mais aussi rassembler des passionnés (via le travail de confection et d'installation), faire changer les regards sur le tricot et le crochet et promouvoir ces arts du fil. 

Plus que le résultat, c'est tout le travail en amont qui m'intéresse : présenter le graffi-tricot à des populations qui ne sont pas familières avec cette pratique (résidents d'EHPAD, écoliers et collégiens, groupes de tricot "traditionnel"), initier les curieux au tricot et donner une image différente de cette pratique.

#1 : Mayami
Mayami est une association de tricot urbain basée au Kremlin-Bicêtre (94). Je l'ai rejointe en 2014 alors que j'enseignais dans un collège de cette ville. Le principe est simple : une après-midi par mois, nous nous retrouvions pour tricoter et papoter. Tout ce qui avait été confectionné était ensuite accroché sur place. Ce premier contact avec le graffi-tricot m'a poussée à proposer une telle pratique à mes élèves collégiens. 


#2 : En collège - Le Kremlin-Bicêtre (94)
Cela me démangeait depuis un moment. Et je me suis lancée. Monter un club tricot dans un collège, à l'âge où le paraître et le qu'en dira-t'on priment trop souvent sur le reste, me semblait un défi intéressant. Outre la transmission de cette pratique, c'était aussi une occasion supplémentaire de mettre en contextes des savoirs et savoir-être que certains avaient du mal à mobilier : les maths, la concentration, la motricité fine... A une toute petite échelle, j'en suis consciente, mais sortis du contexte du cours traditionnel. Et pour tous ceux qui ont été confrontés à un public collégien parfois peu motivé par l'Ecole, toute occasion de réutiliser des éléments dans un contexte pratique est précieuse. 
Huit inscriptions en début d'année. Pas mal mais...que des filles. Bon, il faudra retravailler le discours sur les stéréotypes dans les travaux d'aiguille. Mais au premier atelier, 8 garçons nous rejoignent. Je suis un peu débordée mais bien contente de ce nouvel arrivage motivé.
Les tricots confectionnés par les collégiens tout au long de l'année ont été installés sur les poteaux d'une place fréquentée du Kremin-Bicêtre, entre la médiathèque et le centre commercial (ce qui nous assurait une visibilité imbattable !). Des élèves du club ont appris à leurs copains à tricoter, d'autres expliquaient fièrement aux passants curieux le pourquoi et le comment du graffi-tricot.

#3 : En ville - Tricotons La Ville, Brest (29)
Un des objectifs de l'association Les Fibrophiles que je préside depuis 2015 est de promouvoir le travail du fil (crochet, tricot, filage, tissage, feutre, teinture...) à travers diverses manifestations : un café-tricot hebdomadaire à Brest, les Festival Des Fibres Aux Fils (juillet 2016) dans les Monts d'Arrée, des visites de fermes, ateliers... En arrivant à Brest en 2015, j'ai eu envie de réitérer l'expérience du tricot urbain, comme un moyen de colorer cette ville de béton et de rencontrer les tricoteurs/euses du coin. En décembre 2015, j'ai rencontré des groupes de tricot de diverses structures brestoises : EHPAD, école élémentaire, merceries, ressourcerie, Maisons de Quartier, Centre Sociaux... En tout, plus d'une vingtaine de structures ont participé à la confection de milliers de carrés de tricot ou crochet et de pompons. Le 11 juin, des centaines de personnes nous ont rejoint sur le Pont de Recouvrance pour y accrocher les éléments confectionnés en amont. En fin de journée, les deux rives de la Penfeld étaient reliées par une rambarde colorée, résultat d'un travail collectif d'ampleur. L'expérience sera répétée toutes les années dans un endroit différent de la ville. Pour plus d'infos, consultez notre blog www.lesfibrophiles.blogspot.fr


#4 : En collège - Sizun (29)
Dans le cadre de la préparation du festival Des Fibres Aux Fils, l'écomusée des Monts d'Arrée (qui accueillait le festival) m'a proposé de participer à un projet de graffi-tricot avec les élèves internes du collège de Sizun. Ni une ni deux, me voilà replongée dans le milieu collégien...
Au cours des 6 séances imparties, les participants ont découvert le tricot mais également le tissage et la fabrication des pompons, ce qui a permis de varier les activités et de permettre à (presque) chacun de trouver l'activité qui lui convenait le mieux. 
Ci-dessous, le témoignage de Klervi, une des élèves du collège du Val d’Elorn :

“Lors de notre première séance de tricot, on nous a expliqué ce qu'était le tricot urbain. Cela consiste à tricoter des formes et à les assembler pour ensuite les accrocher dans la rue, les arbres ou même dans le train. On nous a aussi expliqué que le tricot urbain était comme  des graffitis non polluants.
Pour faire du tricot urbain nous avons appris à faire plusieurs rangs de mailles ce qui permet de faire des carrés et des rectangles de dimensions précises. Pour cela il nous a suffit de prendre deux aiguilles à tricoter.
Nous faisons cette activité pour nous permettre à notre tour de vous faire découvrir le tricot urbain et pour attirer le regard vers des endroit en ville mais surtout au moulin de Kerouat à Commana.
Après avoir commencé à tricoter, nous sommes allés au moulin de Kerouat à Commana pour prendre des mesures afin que nous puissions faire les bonnes mesures sur nos tricots .
Les séances d'après nous ont permis de continuer à tricoter jusqu'à ce que le lundi 20 juin on aille poser le tricot.
Au début de l'expérience, je n'étais pas du tout emballée à l'idée de tricoter car je me disais que c'était pour les personne âgée. Mais je me suis rendue compte qu’en fait, c'est super ! Je me suis prise au jeu et je penses que je vais continuer à tricoter…”

Mission accomplie...

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#5 : En ville - A Pied Sur le Pont, Brest (29)
Il faut croire qu'on a un truc pour les ponts (pont-pont ?). Avec les Fibrophiles, nous avons décoré notre second pont brestois. Le Pont Schuman relie les universités au centre ville. Très emprunté par les étudiants, il est au mieux très dépouillé, au pire très pollué. D'où l'initiative d'un groupe d'étudiants de Géo-Archi ayant à coeur de le métamorphoser en rendant honneur à la marche à pied. En compagnie de Laure Dosso (vive Le Rond de Jardin à Brest !), Paule Kingleur (la poésie sur pattes), Julie Souverain (les pouces verts magiques), Incroyables Comestibles Brest, Bapav - Brest à Pied et à Vélo, Association Grand Angle Brest, CCQ Brest-Centre, Ccq Brest Europe, Killian Houdon et des étudiantes-ts de Géo-Archi, nous avons installé 40m de tricotin et 240 pompons.

Photos et montage de Paule Kingleur





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